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Potrero Grande. Traduit littéralement, cela signifie un pré. Autrement dit, l’endroit où l’on entasse les vaches. C’est aussi un quartier de Cali, troisième plus grande ville de Colombie. On me parlait de frontières invisibles, qui dissocient le territoire de chaque bande criminelle. Frontières qu’il est difficile de franchir sous peine de représailles, ou même de règlement de comptes.

Cet endroit, pour les habitants de Cali, était synonyme d’angoisse, de peur ou même de mort. Pourtant, cet endroit m’intriguait autant qu’il m’effrayait. Je voulais m’y rendre, et témoigner du quotidien de ces gens qui n’avaient pas choisi d’être là. Alors, après un moment à Cali, avec l’aide de Santiago, je décide d’y aller.  En échange de sa protection au sein de ce quartier, je lui donnais des cours de photographie.

Je découvre alors le quotidien dans ce qu’il a de plus simple : les jeunes jouent sur un terrain de foot dont les cages sont rouillées par le temps, les voisins dansent la salsa dans la rue, la vie donne l’impression d’être agréable. Et cette impression s’est vite écroulée lorsque, à mon retour en France, le passé de Santiago l’a rattrapé et qu’il s’en est allé. On ne sort pas de ce quartier. Alors c’est ça que j’ai voulu montrer : la dignité de ces gens qui affrontent cette violence quotidienne à première vue invisible.